Pniné Halakha

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05 – Procédé indirect, et moyen d’éteindre les feux d’une cuisinière à gaz

Nos sages apprennent du verset de l’Exode (20, 9) : « Tu n’accompliras aucun travail » que c’est précisément l’accomplissement (‘assia) d’un travail (mélakha) qu’a interdit la Torah, tandis qu’un travail qui s’accomplit de soi-même – quoique l’homme ait entraîné son accomplissement – se nomme grama (travail indirect), ce qui n’est frappé d’aucun interdit toranique. En cas de grande nécessité, les sages autorisent l’accomplissement indirect d’une mélakha, le Chabbat. Par exemple, si un incendie se déclare, il est permis de placer, autour du lieu de l’incendie, des récipients remplis d’eau, afin que, lorsque le feu parviendra à leur emplacement, ceux-ci se fendent, et que l’eau qui y était se répande, éteignant le feu (Chabbat 120b, Choul’han ‘Aroukh 334, 22). De même, la halakha permet, en pratique, d’utiliser un moyen indirect, le Chabbat, afin de prévenir une perte, ou pour les besoins d’une mitsva, ou pour quelque autre grande nécessité ; mais en l’absence de grande nécessité, il est interdit de faire en sorte que la mélakha s’accomplisse d’elle-même (Rama 334, 22).

S’agissant de Yom tov, en revanche, les décisionnaires sont partagés. Certains disent que le statut de Yom tov est semblable, à cet égard, à celui de Chabbat ; d’autres estiment que, le Yom tov, produire une mélakha de manière indirecte est chose permise a priori, en particulier quand il s’agit de la mélakha d’allumer ou de celle d’éteindre, dont l’interdiction, le Yom tov, est seulement rabbinique. En pratique, on peut être indulgent et autoriser de causer la production d’une mélakha de manière indirecte, même quand il n’y a pas à cela de grande nécessité. Mais en l’absence de toute nécessité, il est juste d’être rigoureux[6].

Autrefois, quand on voulait cuisiner le Yom tov, on prenait la quantité de bois suffisante pour faire cuire la marmite, on plaçait ce bois dans le four, et on allumait celui-ci par le biais d’un feu préparé depuis la veille de Yom tov. Après l’achèvement de la cuisson, le feu s’éteignait lentement de lui-même, car, dès l’abord, on prenait la quantité de bois qui suffisait à la cuisson, et pas davantage. Mais de nos jours, où l’on cuisine au gaz, un problème surgit : comment éteindre le feu ?

L’une de manières que l’on peut conseiller est de l’éteindre indirectement ; c’est-à-dire de placer sur le feu, une fois la cuisson achevée, une bouilloire pleine d’eau, et d’y cuire l’eau jusqu’à ce qu’elle déborde et éteigne le feu ; ensuite, on ferme le bouton du gaz. Il faut avoir soin d’utiliser cette eau pour boire le thé ou pour laver de la vaisselle, afin que sa cuisson ne soit pas vaine[7].

Une façon plus aisée et meilleure d’éteindre le feu, c’est d’utiliser un appareil nommé ‘Hagaz, qui est particulièrement conçu pour les besoins de la cuisine de Yom tov. Il s’agit d’une minuterie à ressort qui, tant qu’elle est en marche, permet d’alimenter la flamme par le gaz, et qui, lorsque expire le temps qui lui a été fixé, interrompt l’alimentation en gaz et cause l’extinction de la flamme. Avant de commencer à cuisiner, on règle la minuterie d’après le nombre de minutes que l’on souhaite donner à la flamme, on prend du feu d’une bougie allumée la veille du Yom tov et l’on allume la flamme de la cuisinière ; puis, quand a expiré le temps alloué dès l’abord à la flamme, la minuterie coupe l’alimentation de celle-ci en gaz[8].


[6]. Certains disent que, le Chabbat également, il est permis a priori de causer une mélakha de manière indirecte (grama) (Touré Zahav 514, 10, Gaon de Vilna 314, 1, Chémech Oumaguen III 5). D’autres estiment que, le Chabbat, on n’est indulgent que pour éviter une perte, ou d’autres cas semblables, tandis que, le Yom tov, on est entièrement indulgent (Tossephot sur Beitsa 22a ד »ה והמסתפק, Rama 514, 3, Maamar Mordekhaï, Cha’ar Hatsioun 31). D’autres encore ne sont indulgents que, spécialement, en matière d’allumage et d’extinction le Yom tov (A’hiézer III 60, ‘Helqat Ya’aqov I 60). D’autres enfin sont rigoureux le Yom tov comme le Chabbat (Maguen Avraham 514, 10, Choul’han ‘Aroukh Harav 9, ‘Hayé Adam 95, 5). Puisque toute la question de l’allumage et de l’extinction, le Yom tov, est d’ordre rabbinique, nous écrivons ci-dessus que l’on peut être indulgent en tout cas de nécessité. Mais quand il n’y a pas de nécessité, il est juste de tenir compte de l’opinion rigoureuse.

[7]. Certains pensent qu’il ne faut pas utiliser le mode de grama de façon régulière (dérekh qéva’) ; selon cela, on ne pourra utiliser la méthode décrite ci-dessus que de manière occasionnelle (dérekh ar’aï) (Chemirat Chabbat Kehilkhata 13, 3). Mais l’opinion principale, en halakha, est celle d’après laquelle grama, en cas de nécessité, est permis le Yom tov. Aussi est-il permis de causer l’extinction du gaz en faisant déborder l’eau (Dvar Yehochoua’ II 84, Or lé-Tsion III 20, 11, Yabia’ Omer III 30). Le Nétser Mata’aï 9 autorise à fermer le robinet du ballon de gaz, qui se trouve à l’extérieur ; de cette façon, on éteint le feu de manière indirecte. Selon le Sia’h Na’houm 27, 3, il est même permis de fermer le robinet principal de gaz, qui est dans la cuisine, à condition que l’extinction se produise quelques secondes plus tard ; car selon lui, l’interruption d’un gaz éloigné de la flamme est semblable au cas des bûches que l’on extrait du foyer tandis qu’elles sont sur le point de prendre feu, et non à celui des bûches qui ont déjà commencé à brûler par un côté.

Mais nombreux sont les décisionnaires qui interdisent d’éteindre le feu en fermant le robinet de gaz, aussi bien intérieur qu’extérieur. Parmi eux : Tsits Eliézer VI 8-9, Yabia’ Omer III 30, Chemirat Chabbat Kehilkhata 13, 12 au nom du Rav Frank. La raison en est que l’extinction se fait par la matière même de l’allumage, ce qui est semblable au fait de couper une partie de la veilleuse après qu’elle a été allumée, chose interdite selon le Roch et le Choul’han ‘Aroukh 514, 3. De plus, c’est en général tout de suite après la fermeture du robinet que le feu s’éteint, ou tout au moins s’affaiblit, de sorte que, de l’avis même de Tossephot, cela est interdit, et il n’y a pas là de caractère indirect. À notre humble avis, si l’extinction se prolonge pendant une dizaine de secondes, et que le lieu où l’on ferme le robinet soit éloigné, le fait doit être considéré comme indirect. Mais il sera bon de faire cela en y apportant un changement : alors, on sera dans un cas de chevout de-chevout.

Selon le Rama 514, 3, quand le vent ne souffle pas constamment, il est permis de placer les veilleuses en un lieu où parfois le vent souffle, de façon que, lorsqu’il soufflera, il les éteindra : cette extinction est considérée comme indirecte. Pour le Maguen Avraham 10 et le Béour Halakha, c’est interdit, car il est à craindre que le vent ne souffle immédiatement, de sorte que l’on aura directement éteint les veilleuses.

[8]. Cet appareil ne relève pas à proprement parler du procédé de grama : le cas est plus léger encore, puisque, dès avant le commencement de l’allumage, il est alloué au gaz une certaine durée pendant laquelle il peut s’écouler. A posteriori, si l’on a oublié d’actionner la minuterie avant d’allumer la flamme, il est permis de l’actionner après cela : puisque l’extinction, en pratique, se fera après un temps déterminé, il s’agit d’une extinction par grama, ce qui, en cas de nécessité, est permis le Yom tov.

[D’autre part, et suivant le même principe] selon le Choul’han ‘Aroukh 514, 3, si l’on veut que la bougie que l’on allume ne brûle pas jusqu’au bout, on peut, avant de l’allumer, en faire pénétrer la moitié dans du sable meuble ; ainsi, au moment où la bougie, se raccourcissant, arrivera au niveau du sable, elle s’éteindra. Mais il est interdit de la faire entrer dans le sable après son allumage. Selon le Rama et la majorité des décisionnaires (Michna Beroura 20), il est permis de la faire entrer dans le sable, même après l’avoir allumée. En cas de nécessité, on peut s’appuyer sur ces autorités.

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