Si l’on a fauté envers son prochain, on doit le rasséréner dès que possible ; car, tout le temps que notre prochain continue de souffrir de l’offense que nous lui avons fait subir, notre faute continue de croître. Quoi qu’il en soit, si, par négligence, par gêne ou par contrainte on n’a point rasséréné son prochain, il faut se presser de le faire avant le jour de Kipour. Nos sages enseignent :
Les fautes de l’homme envers Dieu, le jour de Kipour les expie ; mais les fautes de l’homme envers son prochain, le jour de Kipour ne les expie pas, jusqu’à ce que l’on obtienne réconciliation auprès de son prochain (Michna Yoma 85b).
Dussions-nous offrir tous les sacrifices du monde, et multiplier les prières et les jeûnes, on ne serait point pardonné que l’on n’ait apaisé son prochain (Baba Qama 92a).
Puisque celui qui porte atteinte aux biens ou à l’honneur de son prochain faute envers celui-ci ainsi qu’envers le Ciel, il lui faut rasséréner son prochain, mais aussi se confesser devant l’Éternel pour avoir transgressé son commandement, et prendre la décision de ne plus fauter ainsi. Par conséquent, celui qui aurait blessé son prochain, ou lui aurait volé quelque chose, ou lui aurait porté préjudice en son patrimoine, devra d’abord lui payer sa dette et demander son pardon pour l’avoir affligé ; ensuite seulement, il confessera sa faute devant l’Éternel. De même, si l’on a fait honte à son prochain, ou qu’on l’ait dénigré, on l’apaisera d’abord, puis on confessera sa faute devant Dieu. Si l’on a confessé sa faute à Dieu avant que d’avoir apaisé son prochain, la confession n’est pas entière ; il faudra se confesser une nouvelle fois devant Dieu, après que l’on aura apaisé son prochain[2] (Cha’aré Techouva 4, 18).
Si les paroles injurieuses et dénigrantes que l’on a dites sur le compte de notre prochain risquent d’avoir pour effet que des gens traitent cette personne avec dédain ou hostilité, nous devrons tenir des propos élogieux à son égard devant ces mêmes gens, susceptibles de penser du mal de lui en raison de ce qu’ils ont entendu plus tôt de notre part. On leur expliquera que, lorsqu’on avait prononcé ces paroles désobligeantes, on ne connaissait pas l’ensemble de la situation, etc. ; cela, afin d’annuler la mauvaise influence exercée par le premier discours. De même, si l’on a fait honte à son prochain en public, il est juste de lui demander pardon publiquement (Maïmonide, Techouva 2, 5).
Au chap. 10, 6, on lit : « Un engagement ferme de veiller au moins dans l’avenir à ne pas fauter envers autrui, et de s’efforcer de réparer le passé, permet à la lumière spirituelle (…) de poursuivre progressivement l’illumination de l’âme. Jusqu’à ce que le pouvoir de l’esprit trouve par lui-même de multiples moyens pour porter le repentir à sa totale réalisation dans les faits, afin que la lumière spirituelle puisse, de toute sa force gracieuse, reposer sur l’âme qui a tant soif d’elle » (ibid.).
Chemona Qevatsim I 827 : « Il faut certes accomplir un repentir total de toute faute (…), et à plus forte raison des fautes envers son prochain telles que le vol et ces sortes de choses (…). Cependant, quand même on n’aurait pas réussi à accomplir une complète techouva, même dans le domaine des relations entre l’homme et son prochain (…), cela en raison des empêchements qu’oppose le monde, on ne troublera point le contentement supérieur ni la joie spirituelle que prodigue le fait d’atteindre à la lumière supérieure et de s’y attacher. On entretiendra toujours la pensée que l’on dispense le bien au monde entier, par cela même que l’on développe la lumière divine en sa propre âme individuelle, laquelle est constamment incluse dans l’ensemble des mondes et l’ensemble des âmes, particulièrement dans l’ensemble des âmes d’Israël. Par cela, on illumine également ceux que l’on a lésés, et on leur dispense du bien. Par-là, il existe un certain amendement des dommages causés par l’homme à son prochain, quoique cela ne suffise point à les réparer entièrement. »