Pniné Halakha

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10. Parler de ses travaux ou de ses comptes

C’est une mitsva que d’honorer le Chabbat au moyen de la parole, comme il est dit : « Tu l’honoreras en t’abstenant de suivre tes chemins ordinaires, de chercher la fortune et d’en faire le sujet de tes paroles » (Is 58, 13), ce que nos sages commentent : « Que tes paroles, le Chabbat, ne soient pas semblables à tes paroles de semaine » (Chabbat 113a). Le propos est ici de ne pas parler, le Chabbat, de ce qu’il nous est interdit de faire en ce jour. On ne dira donc pas : « Demain, je voyagerai en voiture », ou « j’écrirai une lettre », ou « j’achèterai telle chose ». À plus forte raison nous est-il interdit de demander à notre prochain de voyager le lendemain pour notre compte, ou d’écrire un courrier pour nous, ou encore d’acheter pour nous quelque objet (Choul’han ‘Aroukh 307, 1). L’interdit porte sur ce que l’on a l’intention de faire dans l’avenir ; en revanche, sur ce que l’on a déjà réalisé, il est permis de parler, à condition que l’intention ne soit pas de donner des directives à son prochain sur la manière de réaliser la chose en question.

L’interdit porte sur le fait de parler de choses qu’il est interdit de faire le Chabbat ; mais il est permis d’y penser. Nos maîtres enseignent en effet : « “Et d’en faire le sujet de tes paroles” : la parole est interdite, mais la pensée est permise » (Chabbat 113a). Même une parole qui se contente de faire allusion au travail est assimilée à la pensée, et est permise. Par exemple, il est interdit de dire : « Demain, je m’entretiendrai par téléphone avec untel » ; mais il est permis de dire : « Demain, je m’entretiendrai avec untel », bien qu’il soit clair que l’on a pour intention de parler par téléphone. De même, il est interdit de dire : « Demain, j’irai en voiture à Jérusalem », car voyager en voiture est interdit ; mais il est permis de dire : « Demain, j’irai à Jérusalem », car le fait d’aller, en soi, n’est pas interdit. Certes, il se peut que Jérusalem se trouve en dehors de la zone d’habitation sabbatique où l’on se trouve ; mais si l’on construisait un ‘érouv reliant cette zone à Jérusalem, il serait permis d’y marcher ; et puisque cette marche n’est pas interdite de manière inconditionnelle, il est permis d’en parler. Bien que notre interlocuteur comprenne que nous avons l’intention de voyager le lendemain en voiture, et que, s’il le souhaite, il pourra se joindre à nous, cela n’est rien d’autre qu’une allusion, ce qui est permis.

De même, si je veux prendre un taxi à l’issue de Chabbat, je suis autorisé à demander à un ami chauffeur de taxi : « Penses-tu que tu pourras venir chez moi à l’issue de Chabbat ? » Puisque je n’ai pas demandé si l’ami pourra venir avec son taxi afin de me conduire, et quoique celui-ci comprenne que telle est bien mon intention, ce n’est pas interdit. Mais je ne peux lui dire : « S’il te plaît, viens chez moi à l’issue de Chabbat », car une allusion prenant la forme d’un ordre est interdite. De même, si je veux recruter un ouvrier le dimanche, je suis autorisé à dire à l’ouvrier, pendant Chabbat : « J’espère vous rencontrer dimanche. » Mais je ne peux lui dire : « S’il vous plaît, venez me voir dimanche » (Chabbat 150a, Choul’han ‘Aroukh 307, 7).

Il est interdit de parler de comptes qui présentent une utilité commerciale, mais il est permis de parler de comptes qui n’ont aucune utilité. Il est par exemple interdit de parler du prix que l’on doit payer à des ouvriers, mais il est permis de parler de ce qui a déjà été payé. De même, si mon interlocuteur souhaite acheter une maison, il m’est interdit de lui dire combien on a vendu une maison semblable. En revanche, il m’est permis de le dire à une personne qui n’a pas l’intention d’acheter de maison. Il m’est également permis de dire quelle fut la récolte de mon champ l’année précédente, ou à combien s’élève le budget de l’Etat, etc., puisque ces paroles n’ont pas de lien avec les affaires que le locuteur ou l’auditeur ont l’intention de faire pendant la semaine (Choul’han ‘Aroukh 307, 6)[6].

Il faut toutefois limiter les vaines paroles, le Chabbat. Celui qui trouve un grand plaisir dans des propos de ce genre est autorisé à en tenir quelque peu, ce qui fera partie de ses délices matérielles du Chabbat. Mais on n’en fera pas à l’excès l’objet de ses entretiens, de même qu’il ne faut pas verser à l’excès dans la nourriture, la boisson et le sommeil, afin de ne pas grever les heures que l’on doit consacrer, le Chabbat, à l’étude de la Torah. Or nous avons vu que nous devions, à tout le moins, étudier la Torah pendant six heures, le Chabbat (Choul’han ‘Aroukh et Rama 307, 1, Michna Beroura 4 ; cf. ci-dessus chap. 5 § 1).


[6]. Quand il existe une grande nécessité à parler de commerce le Chabbat – par exemple si l’on a rencontré une personne que l’on ne pourra plus rencontrer en semaine, de telle façon que l’on essuierait une grande perte si l’on ne s’entretenait pas avec elle –, il est permis de parler de l’affaire en imprimant un changement à ses propos ; par exemple, au lieu de dire « 100 shekels », on dira « 100 pains » (Echel Avraham de Rabbi Avraham Botchatch 307). Nous voyons en effet qu’en matière d’interdits rabbiniques, quand on accomplit l’acte interdit de manière inhabituelle, celui-ci est considéré comme accompli sur le mode de chevout de-chevout (restriction rabbinique ajoutée à une autre), ce que les sages autorisent pour éviter une grande perte (Che’arim Hametsouyanim Bahalakha 90, 3 et Qountras A’haron).

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