Pniné Halakha

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02 – Qédoucha de-sidraOuva lé-Tsion

Après cela, on récite la Qédoucha de-sidra[b], c’est-à-dire les versets Qadoch, qadoch, qadoch… (« Saint, saint, saint est l’Eternel, Dieu des légions, toute la terre est emplie de Sa majesté »), Baroukh kevod Ado-naï mimeqomo (« Béni soit l’honneur de l’Eternel depuis Son séjour ») et Ado-naï yimlokh lé’olam vaed (« L’Eternel régnera à jamais »), avec leur traduction araméenne. Nos sages ont institué cette lecture afin que chaque fidèle ait le mérite d’apprendre chaque jour  quelques versets des prophètes ; c’est pourquoi on a traduit ces versets en araméen, de façon que tout le peuple, dont la langue d’usage était l’araméen, en comprît le sens. Les sages ont hautement loué la récitation de la Qédoucha de-sidra qui, après la destruction du Temple, compte parmi les paroles grâce auxquelles le monde se maintient (Sota 49a). Rachi explique qu’il y a deux grands mérites à réciter ce passage : l’un est l’étude même de versets de la Torah ; l’autre est que ces versets traitent de la sainteté de Dieu. À l’office du matin de Chabbat, il n’est pas besoin de dire la Qédoucha de-sidra, car on s’acquitte déjà de l’étude des prophètes par la lecture de la haftara[c]. Quoi qu’il en soit, afin de ne pas en annuler la lecture, on a l’usage de la réciter au début de l’office de Min’ha, pour ajouter encore à l’étude de Chabbat et, plus encore, pour y ajouter une étude qui traite de la sainteté de Dieu.

Certains disent que les sages en ont institué la lecture à une époque où le peuple juif s’était vu interdire la récitation de la Qédoucha, et où des policiers païens surveillaient le déroulement des offices jusqu’à la répétition de la ‘Amida incluse ; une fois les policiers partis, on avait l’usage de dire la Qédoucha de-sidra. Or même après la révocation de l’interdit, l’usage de réciter ledit passage n’a pas été suspendu (Chibolé Haléqet 44, Beit Yossef 132, 2).

Il se trouve donc que nous disons la Qédoucha trois fois durant l’office de Cha’harit. D’abord dans la bénédiction Yotser or (« Qui crées la lumière »), première des bénédictions du Chéma ; puis lors de la répétition de la ‘Amida ; enfin, lors de la Qédoucha de-sidra. Dans le même sens, nous voyons que nos sages ont institué une triple récitation de nombreuses paroles importantes ; c’est le cas d’Achré/Tehila lé-David (Ps 145), chaque jour, et de Vaykhoulou (Gn 2, 1-3 : « Ainsi furent terminés les cieux et la terre… »), le soir de Chabbat.

De même que pour la Qédoucha, l’assemblée doit, dans la Qédoucha de-sidra, réciter en chœur les versets Qadoch et Baroukh. A cette fin, l’officiant doit dire à haute voix les phrases introductives des versets de la Qédoucha. Quand un particulier prie seul, il vaut mieux qu’il récite ces versets en respectant la mélodie des téamim (les signes de cantillation traditionnels), afin de tenir compte de l’opinion selon laquelle, puisqu’il s’agit d’une Qédoucha (parole sainte), celle-ci doit être dite dans le cadre d’un minyan. En effet, réciter ces versets avec leur mélodie traditionnelle est comparable à lire la Torah ; or il n’est point besoin de minyan pour ce faire. Si l’on ne sait pas lire les versets avec leurs téamim, on les récitera sans téamim car, du point de vue halakhique, l’opinion essentielle consiste à dire que le particulier lui-même peut prononcer la Qédoucha de-sidra : en effet, celle-ci se borne à décrire comment les anges sanctifient le nom de Dieu, béni soit-Il[2].

Comme prolongation de la Qédoucha de-sidra, les Guéonim établirent l’usage de dire d’autres versets et requêtes pour l’expiation, la foi et la Torah. Certains adoptèrent l’usage de réciter tout le texte que nous connaissons aujourd’hui (sidour de Rav Amram Gaon) ; d’autres récitaient une version plus courte (sidour de Rav Saadia Gaon). A l’époque des Richonim, tout le monde adopta la version reproduite aujourd’hui dans nos livres de prière, avec quelques variations légères entre les communautés.

Après la Qédoucha de-sidra, l’officiant récite le Qaddich Titqabal, dans lequel, en plus de la partie principale du Qaddich, figure la demande que notre prière soit agréée. Aussi l’officiant doit-il avoir grand soin de ne pas parler entre la répétition de la ‘Amida et ce Qaddich inclus[3].


[b]. Qédoucha de-sidra: littéralement « Qédoucha (sainteté) de l’ordre », c’est-à-dire : Qédoucha qui s’insère dans l’ordre de la prière Ouva lé-Tsion, ou encore Qédoucha qui s’insère dans l’ordre de l’étude des versets des prophètes. Cette prière commence par les versets Ouva lé-Tsion, se poursuit par la Qédoucha, et s’achève par d’autres versets et requêtes. On l’appelle donc Ouva lé-Tsion, d’après ses premiers mots, ou Qédoucha de-sidra, d’après la Qédoucha qu’elle contient.
[c]. Haftara: passage des prophètes qui est lu, le Chabbat, les jours de fête et certains jours de jeûne, après la lecture de la Torah.
[2]. Les Richonim sont également partagés sur la question de la Qédoucha incluse dans la bénédiction Yotser haméorot (Yotser or) : là également, la majorité des décisionnaires pensent que le particulier est autorisé à dire les versets de cette Qédoucha, mais que, pour être quitte d’après tous les avis, il est bon de les lire avec leurs téamim. C’est ce qui ressort également des propos du Choul’han ‘Aroukh et du Rama, Ora’h ‘Haïm 59, 3. En ce qui concerne la Qédoucha de-sidra, les décisionnaires sont encore plus nombreux à penser que le particulier peut réciter les versets. Cf. Yabia’ Omer V 7, 2. Prolongement de cette controverse : certains préfèrent dire la Qédoucha de-sidra en se tenant debout, comme on dit la Qédoucha durant la répétition de la ‘Amida. Toutefois, l’usage répandu est de la dire assis, et tel est l’usage des kabbalistes, ce qui laisse également entendre que cette Qédoucha ne requiert pas la présence d’un minyan. Cf. Pisqé Techouva 132, 2.

Quand un fidèle n’a pas encore terminé Lamnatséa’h ou Achré, alors que l’assemblée en est déjà aux versets de la Qédoucha de-sidra, il doit, selon le Michna Beroura 132, 3, sauter les passages qui le séparent des versets, afin de pouvoir réciter ces derniers avec l’assemblée. Selon le Kaf Ha’haïm 8, on ne saute pas ces passages, car il est plus important de réciter la prière dans l’ordre. Le Michna Beroura (132, 4) écrit que la traduction araméenne des versets doit se lire à voix basse. Dans le Chaar Hatsioun, le même auteur signale que Rabbi Isaac Louria n’était pas pointilleux à cet égard.

[3]. Si, par erreur, l’officiant a lu le Qaddich Titqabal après les Ta’hanounim, il récitera, après Ouva lé-Tsion, un Qaddich complet (Yehé chelama rabba), mais sans la phrase Titqabal (« Que soit reçue notre prière… ») (Iché Israël 26, 5). Si l’officiant oublie de dire le Qaddich Titqabal après Ouva lé-Tsion, il ajoutera la phrase Titqabal dans le Qaddich suivant (Iché Israël 26, 11).

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