Pniné Halakha

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01. Horaire de l’office de Cha’harit

Comme nous l’avons vu (chap. 2 § 2-5), selon la majorité des décisionnaires, les femmes ont l’obligation de réciter, chaque jour, la ‘Amida de Cha’harit et celle de Min’ha ; et c’est ce qu’il convient de faire a priori. Aussi nous faut-il savoir quels sont les horaires de la prière de Cha’harit et ceux de la prière de Min’ha. Même pour celles qui, nombreuses, ont l’usage de ne dire chaque jour qu’une seule ‘Amida – ou à Cha’harit, ou à Min’ha –, il faut en connaître les horaires, afin de faire coïncider sa prière, soit avec l’horaire de Cha’harit, soit avec celui de Min’ha.

Les horaires des offices ont été fixés par les membres de la Grande Assemblée, en référence aux horaires des sacrifices journaliers : le temps de Cha’harit correspond à celui de l’oblation du sacrifice journalier du matin, celui de Min’ha correspond à l’oblation du sacrifice journalier offert à l’approche du soir. L’horaire de Min’ha sera expliqué par la suite (chap. 18 § 1) ; pour le moment, nous étudierons la question de l’horaire de Cha’harit.

Le sacrifice journalier du matin devait être offert à partir de l’aube (‘amoud hacha’har). D’après cela, l’horaire de la prière[a] de Cha’harit devrait être fixé, a priori, dès l’aube. Cependant, nos sages ont décrété qu’il convenait de ne réciter la ‘Amida qu’à partir du premier rayon de soleil (hanets ha’hama), comme il est dit (Psaume 72, 5) : « Ils te craindront avec le soleil »[b] (Berakhot 9b). Cependant, si l’on a prié dès l’aube, on est quitte a posteriori, car la prière aura été dite à un moment qui convenait au sacrifice journalier du matin (Choul’han ‘Aroukh 89, 1 ; cf. La Prière d’Israël chap. 11, note 4). ‘Amoud hacha’har, l’aube, est le moment où se perçoit la première lueur ténue, à l’orient, tandis que hanets ha’hama est le moment où apparaît le soleil. Le temps le plus approprié pour la ‘Amida du matin est ce que l’on appelle l’horaire de Vatiqin, littéralement « les anciens », qui récitaient la ‘Amida au premier rayon du soleil, afin d’accomplir le verset « Ils Te craindront avec le soleil[1]. »

Le temps prescrit pour réciter la ‘Amida se prolonge jusqu’à la fin de la quatrième heure ; en effet, c’est jusqu’à ce moment que se prolongeait le temps du sacrifice journalier du matin (ce qui représente le tiers de la journée). A posteriori, une femme qui n’a pas eu le temps de prier avant la fin de la quatrième heure peut réciter la ‘Amida de Cha’harit jusqu’au midi solaire (‘hatsot hayom) ; et bien que cela ne lui soit pas compté comme une prière dite en son temps, cela lui est compté comme une prière valablement dite (Choul’han ‘Aroukh 89, 1). Mais si l’on veut réciter les bénédictions du Chéma, on ne le fera qu’avant la fin de la quatrième heure, et non après, même a posteriori.

Si une femme a l’usage de ne réciter, chaque jour, qu’une seule ‘Amida, à Cha’harit ou à Min’ha, et que la fin de la quatrième heure soit passée sans que l’on ait récité Cha’harit, il sera préférable, ce jour-là, de prier à Min’ha. Mais si l’on craint d’oublier de prier à Min’ha, on priera à Cha’harit, avant le midi solaire[2].


[a]. Dans ce contexte, le mot prière (תפילה) désigne la prière par excellence, la ‘Amida.

[b]. D’après le sens premier du verset, le psalmiste s’adresse à Dieu en disant : « Le peuple Te craindra aussi longtemps qu’existera le soleil. » Dans la lecture midrachique : « Le peuple T’exprimera sa révérence par la prière au moment où brillera le soleil ».

[1]. On trouve des divergences d’opinion quant à la définition du temps de l’aube, ‘amoud hacha’har. Ces divergences sont exposées dans La Prière d’Israël, chap. 11 § 2, note 1. Pour résumer le propos, on peut dire que l’horaire de ‘amoud hacha’har n’est jamais fixé moins de soixante-douze minutes avant celui de hanets ha’hama. En d’autres termes, dès que l’on se trouve soixante-douze minutes avant le lever du soleil, il est déjà certain que l’aube s’est levée.

À ce propos, il est bon de savoir que l’horaire de toutes les mitsvot prescrites le jour, telles que la sonnerie du chofar ou la circoncision, débute au lever du soleil ; en effet, la journée se définit en fonction du soleil. Cependant, a posteriori, si ces mitsvot ont été accomplies dès l’aube, on est quitte de son obligation car, dans une certaine mesure, le jour commence dès que la lumière matinale apparaît (Méguila 20a).

[2]. Les Tanaïm divergent quant à la fixation de l’heure-limite du sacrifice journalier du matin, et, par conséquent, ils divergent quant à l’heure-limite de la prière du matin. Pour Rabbi Yehouda, le sacrifice pouvait être offert jusqu’à la fin de la quatrième heure, et pour la collectivité des sages (les ‘Hakhamim), jusqu’au midi solaire. La halakha suit l’opinion de Rabbi Yehouda car, au traité ‘Edouyot, traité dont tous les paragraphes (les michnayot) font autorité en matière de halakha, c’est l’opinion de Rabbi Yehouda qui est citée. Aussi bien, l’heure limite de la ‘Amida de Cha’harit est-elle la fin de la quatrième heure (Berakhot 27a). Malgré cela, selon la majorité des décisionnaires, les propos des ‘Hakhamim n’ont pas été repoussés entièrement, et l’on peut, a posteriori, réciter la ‘Amida de Cha’harit jusqu’au milieu du jour. Certes, en ce cas, on ne reçoit pas la récompense que fait mériter la prière dite en son temps ; mais la récompense du fait même de prier, elle, est assurée (Choul’han ‘Aroukh, Ora’h ‘Haïm 89, 1).

Toutefois, rapporte le Halikhot Chelomo 8, 42, puisque, selon certains avis, Rabbi Yehouda pense que l’on ne saurait prier après la quatrième heure, même a posteriori (cf. La Prière d’Israël chap. 11, note 16), et puisque, de toutes manières, les femmes sont autorisées à s’acquitter de l’obligation de prier par les seules bénédictions matinales [et bénédictions de la Torah], il est préférable qu’elles n’entrent pas dans un cas sujet à controverse, et qu’elles ne récitent donc pas la ‘Amida après l’expiration de la quatrième heure. Le Halikhot Chelomo reconnaît cependant lui-même que la coutume veut qu’elles prient jusqu’à midi, et telle est bien l’opinion du Choul’han ‘Aroukh. Il semble même qu’elles soient autorisées à réciter les Pessouqé dezimra, y compris leurs bénédictions, Baroukh chéamar et Yichtaba’h, avant la ‘Amida [alors que la quatrième heure est déjà passée]. Le Ma’hazé Elyahou 19, 14 préfère, quant à lui, ne pas presser les femmes de prier avant l’expiration de la quatrième heure, en raison de leurs intenses obligations familiales et domestiques. Il faut, pense-t-il, considérer les femmes comme sujettes à une contrainte permanente, telle qu’elles ne peuvent prier selon les horaires. Le Halikhot Beitah 6, 20 rapporte son opinion, ainsi que le Halikhot Bat Israël 2, 11. En pratique, nous indiquons ci-dessus la voie qui nous semble devoir être suivie [prier avant quatre heures a priori, jusqu’à midi a posteriori].

En ce qui concerne les bénédictions du Chéma, les décisionnaires sont partagés : peut-on les réciter, a posteriori, jusqu’au milieu du jour (‘hatsot) ? Certes, s’agissant des hommes, le Michna Beroura pense que si, en raison de quelque contrainte, on ne les a pas récitées [avant la fin de la quatrième heure], on peut les dire jusqu’à ‘hatsot (cf. La Prière d’Israël, chap. 11, note 17). Mais pour ce qui concerne les femmes, lesquelles n’ont pas l’obligation de les réciter, et devant l’impossibilité de les dire en tant que prière volontaire (nédava), il semble évident qu’il est préférable de ne pas entrer dans un cas douteux ; aussi, on ne les récitera pas après l’expiration de la quatrième heure.

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