Le sommet de l’office de Seli’hot est la récitation des treize attributs de miséricorde (Cheloch-‘esré midot ra’hamim), qui sont les attributs suprêmes par lesquels l’Eternel dirige le peuple juif. Ces attributs (midot) ont été révélés à Moïse notre maître après que l’Eternel eut pardonné à Israël la faute du veau d’or. Alors, Moïse avait demandé : « Révèle-moi, de grâce, ta gloire » (Ex 33, 18). L’Eternel lui répondit : « Je ferai passer toute ma bonté devant ta face et J’énoncerai le nom YHWH devant toi » (ibid. 19) ; en d’autres termes : Je te révélerai les attributs par lesquels Je conduis le peuple d’Israël.
L’Eternel descendit dans la nuée, et Il se tint là avec lui ; et Il énonça le nom YHWH. L’Eternel passa devant sa face et énonça [l’Eternel énonça et révéla ses attributs à Moïse] : « YHWH est YHWH, Dieu miséricordieux et clément, lent à la colère et abondant en bonté et en vérité ; Il maintient sa bonté envers des milliers de générations, pardonne la faute, la rébellion, le crime, et absout… » (Ex 34, 5-7).
Ce sont là les treize attributs de miséricorde.
Rabbi Yo’hanan a dit [à ce sujet] : « N’était-ce ce verset explicite, il serait impossible de le dire ; cela nous enseigne que le Saint béni soit-Il s’enveloppa [dans la nuée] comme un officiant [dans son talith] et montra [à Moïse] l’ordonnancement de la prière. Il lui dit : “Chaque fois qu’Israël fautera, que l’on suive devant Moi ce rituel, et Je leur pardonnerai” » (Roch Hachana 17b).
Aussi, durant les Seli’hot, aux jours de jeûne et à Kipour, on mentionne de nombreuses fois, au cours de la prière, les treize attributs de miséricorde.
C’est précisément à la suite de cette terrible faute du veau d’or, qu’il apparut clairement que le lien unissant Dieu à Israël est éternel, et qu’aucun péché n’est susceptible de le défaire. Certes, les fautes entraînent des punitions et de dures épreuves, mais, du point de vue de l’intériorité, le lien qui unit l’Eternel au peuple juif reste invariable ; aussi peut-on toujours faire retour, téchouva. Grâce à la récitation des treize attributs de miséricorde, nous nous élevons dans la foi (émouna) et nous relions à l’Eternel de manière si profonde et sublime que les fautes se révèlent marginales et extérieures ; aussi devient-il particulièrement facile de s’en repentir. Et puisque, par le biais de ces treize attributs, se dévoile la grandeur de l’assemblée d’Israël, c’est seulement au sein d’un minyan qu’il est permis de les réciter (Choul’han ‘Aroukh 565, 5 ; nous avons vu au § 7 la règle applicable au particulier)[4].