Pniné Halakha

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04. Le texte des Seli’hot

Puisque nos sages n’ont pas institué de manière explicite l’obligation de réciter les Seli’hot, celles-ci ne sont pas dotées d’un rituel nettement défini : chaque communauté a ajouté, au cours des générations, ses propres supplications et poèmes liturgiques. Cependant, on trouve un cadre général, qui vaut pour toutes les communautés, comme le rapporte le Séder de Rabbi Amram Gaon[b] :

On commence par la récitation d’Achré (« Heureux ceux qui sont assis dans ta Maison… » suivi du psaume 145, Téhila le-David, louange de David) ; il est en effet d’usage de commencer toute prière par des louanges à Dieu. Après cela, on dit le Qaddich abrégé, puis les textes commençant par Lekha Hachem hatsedaqa, vélanou bochet hapanim (« À Toi, Eternel, le bon droit, et à nous la tête basse », Daniel 9, 7) et par Choméa’ téphila, ‘adékha kol bassar yavo-ou (« Ô Toi qui écoutes la prière, jusqu’à Toi parvient toute chair », Ps 65, 3), suivis par d’autres versets de requête et de supplication. On récite ensuite les treize attributs de miséricorde (Cheloch-‘esré midot ra’hamim), la confession (Vidouï), et le texte Achamnou mikol ‘am (« Nous sommes plus coupables que tout autre peuple »). Peu avant la conclusion, on dit la supplication ‘Anénou Avinou ‘anénou… (« Réponds-nous, ô notre Père, réponds-nous… »), ainsi que le texte Hachem, ‘assé lema’an chemékha… (« Eternel, agis en faveur de ton nom… »). À la fin des Seli’hot, on récite la Néfilat apayim et l’on conclut par le Qaddich titqabal.

En plus de ce rituel de base, Rabbi Amram Gaon écrit que, si l’on veut, on peut ajouter des versets, des prières pour l’obtention du pardon et des poèmes liturgiques, parmi ceux qu’ont écrits les poètes. C’est ainsi que les communautés juives ont pris coutume d’inclure dans les Seli’hot de nombreux poèmes, entre lesquels on récite les treize attributs de miséricorde. Dans ce choix de poèmes, des différences existent entre Séfarades et Ashkénazes. Autre différence : selon la coutume séfarade, on récite le même rituel tous les jours, tandis que, selon la coutume ashkénaze, on ajoute au rituel de base des poèmes différents chaque jour.

Si les fidèles disposent de peu de temps, ils omettent une partie des poèmes liturgiques : ils récitent la partie essentielle des Seli’hot, telle que nous l’a transmise Rabbi Amram Gaon, et s’efforcent d’ajouter ceux des poèmes qui éveillent le plus la téchouva[2].


[b]. L’un des Guéonim du neuvième siècle, en Babylonie. Son Séder (litt. ordre) est l’ancêtre de notre sidour, rituel de prières.

[2]. Selon certains, il est interdit de réciter des poèmes contenant des requêtes adressées aux différents anges, car ce n’est qu’à Dieu, béni soit-Il, qu’il est permis d’adresser sa prière (Maïmonide, Na’hmanide). Aussi ne faut-il pas dire Makhnissé ra’hamim, hakhnissou ra’hamim lifné ba’al hara’hamim (« Vous qui accueillez la miséricorde, introduisez notre quête de miséricorde auprès du Maître de miséricorde »), texte que l’on trouve dans le Séder de Rabbi Amram Gaon (et que les Ashkénazes ont l’usage de réciter à la fin des Seli’hot). De même, selon eux, on ne dit pas le poème Midat hara’hamim, ‘alénou hitgalgueli, vélifné Qonekha te’hinaténou hapili, ouv’ad ‘amekha ra’hamim chaali (« Attribut de miséricorde, épanche-toi sur nous ; devant ton Créateur porte notre supplication, et pour ton peuple requiers la miséricorde »).

Mais la majorité des décisionnaires estiment qu’il est permis de réciter ces poèmes, qui furent rédigés par de grands et anciens maîtres, et qu’Israël a pris l’usage de dire, durant de nombreuses générations. En effet, tant que le fidèle sait que tout est dans la main du Saint béni soit-Il, il est permis de demander aux anges, créés pour élever les prières et pour rappeler nos mérites devant Lui, de remplir leur mission (Rav Cherira Gaon, Rabbi Eléazar de Worms, auteur du Roqéa’h, Chibolé Haléqet 252, Mahari Bruna). Et tel est l’usage de la majorité des communautés juives que de ne pas supprimer ces poèmes du sidour. D’autres décisionnaires partagent l’opinion des auteurs rigoureux, mais, pour ne pas annuler la récitation de ces poèmes, que tant de communautés ont coutume de dire, ils modifient quelque peu le texte, de manière que la prière soit adressée à Dieu seul, à qui l’on demande d’ordonner aux anges préposés à la transmission des prières de lui présenter les nôtres (Maharal, Netiv Ha’avoda 12 ; tel était l’usage du Rav Tsvi Yehouda Kook). Certains s’étendent dans les prières qui précèdent ces poèmes, de sorte que, en pratique, il ne leur reste plus de temps pour les réciter ; pour autant, ils n’annulent pas la possibilité pour les fidèles de les dire (‘Hatam Sofer, Ora’h ‘Haïm 166). Cf. Mo’adim Le-sim’ha, Eloul-tichri, p. 37-62.

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