Pniné Halakha

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13. Ouverture de bouteilles

Une controverse est apparue, en ce qui concerne l’ouverture des bouteilles de vin dont le bouchon est en métal. Certains interdisent de déboucher une telle bouteille, car, avant qu’on ne l’ouvre, le bouchon sert uniquement à recouvrir le vin, tandis qu’après l’ouverture et la séparation entre le bouchon et la bague métallique restée sur la bouteille, le bouchon devient un ustensile : un bouchon à vis, avec lequel on pourra refermer la bouteille et la rouvrir (Rav Chelomo Zalman Auerbach).

Mais pour la majorité des décisionnaires, il est permis d’ouvrir sans crainte une bouteille à bouchon métallique car, dès avant son ouverture, ce dernier est considéré comme un bouchon, et le débouchage ne créera pas en lui de chose nouvelle. Quant au fait de le séparer de l’anneau métallique, cela s’assimile à la rupture de la coque d’une noix, faite dans le but d’en manger le contenu. De plus, dans la mesure où l’on n’a pas l’intention de créer un bouchon mais seulement d’ouvrir la bouteille, et quoiqu’on puisse soutenir qu’un bouchon à vis se crée incidemment, cela n’est pas interdit.

Bien que ceux qui souhaitent être indulgents y soient autorisés, et que de nombreuses personnes procèdent ainsi, il est bon, a priori, de tenir compte de l’opinion rigoureuse et d’ouvrir les bouteilles à la veille de Chabbat. Solution supplémentaire au problème : conserver de vieux bouchons pour les besoins des bouteilles que l’on ouvre pendant Chabbat, et jeter à la poubelle les bouchons desdites bouteilles : puisque, en pratique, on n’aura pas l’intention d’utiliser les bouchons des bouteilles ouvertes pendant Chabbat, les tenants de l’opinion rigoureuse eux-mêmes reconnaîtront que cette ouverture n’est pas interdite.

Dans le cas où l’on n’a pas conservé de bouchons, et où l’on n’a pas non plus ouvert les bouteilles de vin ou de jus de raisin avant Chabbat, ceux qui tiennent compte de l’opinion rigoureuse ont l’usage de percer un trou dans le bouchon, préalablement à l’ouverture. De cette façon, après que la bouteille sera débouchée, le bouchon ne pourra être considéré comme un ustensile, puisqu’il ne pourra plus servir de bouchon de bonne qualité (Chemirat Chabbat Kehilkhata 9, 18). Pour les tenants de l’opinion indulgente, il est préférable de décapsuler la bouteille sans percer le bouchon.

En ce qui concerne les bouchons de plastique, la majorité des tenants de l’opinion rigoureuse reconnaissent eux-mêmes qu’il n’est pas interdit d’ouvrir les bouteilles qui en sont pourvues. En effet, dès avant la première ouverture de la bouteille, ils sont considérés comme bouchons, halakhiquement parlant, si bien que l’ouverture de la bouteille ne les transforme pas en ustensiles (Chemirat Chabbat Kehilkhata 9, 21). Et tel est l’usage. De même, il est permis d’ouvrir les bouteilles dont les bouchons sont de liège à l’aide d’un tire-bouchon[9].


[9]. L’opinion, rigoureuse, du Rav Chelomo Zalman Auerbach est citée par Choul’han Chelomo 314, 9 (4-5). C’est aussi la position du Chemirat Chabbat Kehilkhata 9, 18 et du Or’hot Chabbat 12, 17. L’auteur des responsa Dvar Yehochoua’ (2, 45) n’est pas d’accord avec le Rav Auerbach, et fonde ses propos sur le Maguid Michné (12, 2), lequel explique que, dès lors que l’on ne forme pas l’intention de réparer un ustensile, on n’est pas en présence d’un psiq reicha [cf. chap. 9 § 5]. C’est pour cette même raison qu’il est permis de verser beaucoup d’eau froide dans une bouilloire vide fumante, car, dès lors que l’on n’a pas l’intention de tremper l’ustensile [c’est-à-dire de consolider ou de préserver sa structure par l’effet de la trempe], et même si, en pratique, on le consolide, il n’y a pas d’interdit. C’est en ce sens que se prononcent le Maguen Avraham 318, 36, le Gaon de Vilna 314, 11, le Michna Beroura 318, 80. De même ici, l’intention est d’ouvrir les bouteilles, et non de créer un bouchon. À l’inverse, le Rav Auerbach estime que, bien que l’intention essentielle consiste dans l’ouverture de la bouteille, on souhaite également faire un bouchon. Toutefois, de l’avis de nombreux auteurs, le bouchon était déjà considéré comme existant avant cela, et seule son adhésion à l’anneau de métal entourant le goulot de la bouteille empêchait son utilisation. C’est l’opinion du Tsits Eliézer XIV 45, 1, du Ye’havé Da’at II 42 et du Or lé-Tsion II 27, 8. C’est aussi ce qu’a enseigné le Rav Mordekhaï Elyahou.

 

Si l’on avait l’intention de jeter le bouchon, le Rav Auerbach lui-même reconnaîtrait que l’ouverture est permise (comme l’explique le Dvar Yehochoua’ ad loc.). Dans le cas où l’on a besoin du bouchon, pour peu que l’on y fasse un trou, il sera permis d’ouvrir la bouteille, de l’avis même du Rav Auerbach, puisque le bouchon ne pourra plus servir comme bouchon de bonne qualité. Pour les tenants de l’avis indulgent, en revanche, puisqu’il n’y a pas là de nécessité, il est douteux qu’il soit permis de pratiquer un trou dans le bouchon ; en effet, si celui-ci est déjà considéré comme un ustensile, il est rabbiniquement interdit de l’endommager ; mais s’il est considéré comme un ustensile branlant (moustaqi), il se peut qu’il soit permis de l’endommager (même quand il n’y a pas à cela de nécessité). Quant à ceux qui tiennent compte de l’opinion du Rav Auerbach et des décisionnaires qui partagent son avis, ils préfèrent se préserver de l’éventualité d’une transgression à l’égard d’une norme toranique.

 

Selon le Rav Auerbach, il est permis de détacher les restes d’anneau qui restent suspendus au bouchon de métal ou de plastique, puisque le bouchon est déjà constitué sans ces résidus. D’autres l’interdisent au titre de la mélakha de « frapper avec un marteau », c’est-à-dire exécuter un travail de finition (maké bépatich) ; le Rav Yossef Chalom Elyachiv l’interdit au titre de la mélakha de découper (Or’hot Chabbat 12, 19-20). Il semble que, aux yeux mêmes de ceux qui l’interdisent, l’interdit soit de rang rabbinique.

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