Généralement, la règle applicable à l’évier ressemble à celle du plan de travail ; simplement, d’un côté, son statut est plus léger, car en général il s’y trouve du savon liquide, qui dénature les saveurs alimentaires ; tandis que, d’un autre point de vue, un évier de porcelaine présente un motif de plus grande rigueur, car, de l’avis de certains décisionnaires, il s’y applique la même règle qu’à l’égard de l’argile : l’échaudage est inefficace pour extraire un goût de ses parois.
En pratique, il existe deux coutumes : ceux qui sont indulgents nettoient bien l’évier, puis y versent de l’eau bouillante sur toutes ses parties. Avant de verser l’eau bouillante sur l’évier et le plan de travail, il faut les sécher, afin que l’eau bouillante y parvienne directement, sans être refroidie par l’effet de l’eau froide qui s’y trouverait. Pour la même raison, il faut d’abord verser l’eau bouillante sur l’évier, et ensuite seulement sur le plan de travail, en commençant par les endroits qui sont les plus proches de l’évier, et de là, en poursuivant par les endroits plus éloignés.
La coutume rigoureuse, quant à elle, consiste, en plus du jet d’eau bouillante, à mettre dans l’évier un bac d’évier amovible en plastique, ou à recouvrir l’évier de papier aluminium épais, pour former séparation entre l’évier, qui avait absorbé du ‘hamets, et les ustensiles de Pessa’h. De plus, on prend soin, pendant Pessa’h, de ne pas utiliser l’évier à l’eau bouillante[2].
Les personnes indulgentes, quant à elles, s’appuient sur la position du Choul’han ‘Aroukh 451, 6, d’après lequel on se fonde sur la majorité des utilisations, en l’occurrence l’utilisation à froid – de sorte que l’on peut le cachériser –, ce qui vaut également si l’évier est d’argile. Quant à nous, nous exigeons de cachériser l’évier en y versant un jet d’eau bouillante, afin de couvrir les utilisations les plus critiques. Certes, cela n’est pas efficace pour l’argile ; mais selon le Knesset Haguedola, la porcelaine lisse a le statut du verre, qui n’est pas absorbant. En outre, il y a généralement dans l’évier des résidus de liquide vaisselle, si bien que le goût du ‘hamets absorbé est, dès l’abord, dénaturé. Et même si le goût n’en était pas dénaturé, il le serait dès l’expiration de vingt-quatre heures. Certes, selon le Rama, la transmission d’un goût de ‘hamets altéré est interdite à Pessa’h. Mais ici, tout au plus, nous aurons une absorption au troisième degré (nat bar nat bar nat). Or le Michna Beroura 447, 98 nous apprend que, en un lieu où il n’est pas d’usage de tenir compte de la transmission d’un goût altéré, les personnes indulgentes ne commettent aucune faute ; et s’agissant de nat bar nat bar nat, il n’est précisément pas coutume d’en tenir compte.