Pniné Halakha

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08. Préparation du thé, le Chabbat

Si l’on se propose de préparer du thé (ou une autre infusion), il faut le faire dans un keli chelichi. En d’autres termes, on versera de l’eau chaude dans une tasse, qui aura donc le statut de keli chéni, puis on transvasera le contenu de cette tasse dans une autre tasse, qui sera le keli chelichi ; dans cette dernière tasse, on introduira le sachet de thé.

De prime abord, il y aurait eu lieu d’introduire le sachet dans le keli chéni, puisque nous avons pour principe qu’un keli chéni ne produit pas de cuisson. Mais, comme nous l’avons vu, il y a cuisson après cuisson dans un keli chéni dès lors que nous avons affaire à des qalé habichoul (aliments qui cuisent facilement) ; or certains décisionnaires craignent que les feuilles de thé ne fassent partie de cette catégorie. De plus, certains décisionnaires pensent que nos sages interdisent d’introduire dans un keli chéni un aliment qui n’a pas préalablement subi un processus de cuisson, car cela « ressemblerait au fait de cuire » (niré kimevachel) (Maguen Avraham, Michna Beroura 318, 34). Par conséquent, si l’on veut préparer du thé, on le fera infuser dans un keli chelichi.

Certains décisionnaires, il est vrai, sont plus rigoureux : on le voit bien, l’infusion du sachet transmet goût et couleur à l’eau, même dans un keli chelichi ; c’est le signe que le thé cuit très facilement ; aussi y a-t-il lieu d’interdire, même dans un keli chelichi, de le mettre à infuser (‘Aroukh Hachoul’han, ‘Hazon Ich). Cependant, selon la majorité des décisionnaires, nous avons pour principe constant que l’interdit de cuisson ne s’applique pas au keli chelichi, et dans tous les cas, il est permis d’y introduire un aliment cru. De plus, le fait que l’infusion du thé dans le keli chelichi produise de la couleur et du goût n’est pas pour autant l’indice d’une cuisson. Il est incontestable que, même si l’on introduit le sachet de thé dans de l’eau à 40°, qui n’est en rien capable de provoquer la cuisson, le sachet transmettra goût et couleur à l’eau. Par conséquent, il est permis de mettre un sachet de thé dans l’eau chaude contenue dans un keli chelichi.

Si l’on a préparé, avant Chabbat, un concentré liquide de thé, il sera permis de le verser dans l’eau chaude que contient un keli chéni. En effet, le concentré liquide ne fait pas partie des qalé habichoul, et le fait de le verser dans la tasse ne ressemble pas à un acte de cuisson.

Ceux qui apportent à leur pratique un supplément de perfection prennent soin, a priori, de ne pas colorer de boissons (cf. infra, chap. 12 § 10). Ils mettront donc premièrement l’extrait dans une tasse, puis ils y verseront l’eau chaude à partir d’un keli chéni. De cette façon, l’eau s’ajoute à l’extrait de thé, et tous les avis s’accordent à dire que, de cette façon, il n’y a pas à craindre d’enfreindre l’interdit de colorer.

Si, pendant le Chabbat, l’extrait de thé se termine, et qu’il ne reste que des feuilles de thé cuites, sans liquide, il sera permis de verser de l’eau brûlante de la bouilloire électrique de Chabbat (doud ou koumkoum) dans une tasse, qui sera considérée comme keli chéni, puis de verser le contenu de ce keli chéni dans la tasse contenant les feuilles de thé, et de préparer ainsi un nouvel extrait. Il n’y a pas lieu de craindre que l’on transgresse ainsi l’interdit de bichoul, car ces feuilles de thé ont déjà cuit avant Chabbat, si bien que l’interdit de bichoul ne s’applique plus à elles[7].


[7]. Comme nous l’avons vu dans la note précédente, il ne faut pas mettre des feuilles de thé dans un keli chéni, car on tient compte de l’opinion selon laquelle cela ressemble au fait de cuire, et l’on craint également que les feuilles de thé ne fassent partie des qalé habichoul, qu’il est interdit d’introduire dans un keli chéni, et sur lesquels il est même interdit de verser le contenu d’un keli chéni. Mais si les feuilles sont renfermées dans un sachet, il est permis de verser sur ce sachet le contenu d’un keli chéni, car le transvasement ne provoque la cuisson qu’en superficie, si bien que le processus de cuisson s’arrêtera au sachet, n’atteignant pas les feuilles qui s’y trouvent (Or lé-Tsion II 30, 3, Yalqout Yossef 318, 41). [Au début de ce paragraphe 8, dans le corps de texte, l’auteur semble n’autoriser d’introduire le sachet dans la tasse qu’après le dernier transvasement, et non avant celui-ci. Cela s’explique par le fait que l’auteur traitait ensemble le cas du sachet et celui de feuilles de thé sans sachet, sur lesquelles il est interdit de verset de l’eau du keli chéni. Ici, en revanche, est enseignée l’indulgence dont fait spécifiquement l’objet le sachet de thé.]

 

Nous écrivons ci-dessus que, s’il ne reste plus de l’extrait liquide que l’on a préparé la veille de Chabbat, on versera sur les feuilles de thé cuites de l’eau chaude provenant d’un keli chéni. En effet, dans la mesure où ces feuilles de thé ont déjà été cuites avant Chabbat, l’interdit de bichoul ne s’applique plus à elles. En revanche, il est interdit de verser directement de la marmite d’eau (‘érouï keli richon) vers le récipient contenant les feuilles ou l’extrait. En effet, le liquide qui se trouve mêlé aux feuilles a refroidi ; or, selon de nombreux décisionnaires, il est interdit de réchauffer un tel liquide à une chaleur de yad solédet bo (cf. supra § 5 ; Michna Beroura 318, 39). De plus, il est possible que les feuilles de thé n’aient pas entièrement cuit avant Chabbat, et verser de l’eau aurait pour effet d’ajouter à leur cuisson. En revanche, si l’on verse de l’eau d’un keli chéni (‘érouï keli chéni), l’interdit de bichoul n’est plus à craindre : même s’il est craindre que les feuilles ne fassent partie des qalé habichoul, il n’y a pas lieu de craindre que le jet d’eau qui leur est versé depuis le keli chéni ajoute à leur cuisson, puisqu’elles ont déjà cuit avant Chabbat. Il n’y a pas lieu non plus de craindre une cuisson du résidu d’eau froide qui est mêlé aux feuilles, puisque l’eau ne fait pas partie des qalé habichoul.

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